« Autrefois plus d’un amant pas très galant de sa maitresse osait voler le gant… » (La Vie Parisienne) Autrefois, les élégantes et les élégants portaient des gants… Ces gants servaient de gages d’amour. Élégantes et élégants les embrassaient et les embrassaient encore… Les gants étaient promus support de rêve ! Cette mode est bien passée mais les rêves sont toujours là. L’amour aussi. Un peu différent. Quant aux gants, ils ne survivent guère. Leur histoire est courte et ils finissent à la poubelle. Pourtant, je viens de recevoir un catalogue de vente aux enchères : « Par le ministère de maître Chose, monsieur Truc expert, sont dispersés une collection de bijoux en provenance de divers amateurs » (je n’invente pas le pluriel sont dispersés. Une collection doit être un pluriel, je suppose.) Ce qui ne veut rien dire. Mais la description, par exemple : « Montre-bracelet de dame en platine à boitier rectangulaire orné de six très petits diamants. Bracelet en suédine à boucle en métal. (Accidents et manques) Epoque 1930. » L’imagination s’en empare : la dame est-elle morte ? A-t-elle eu besoin d’argent ? Ou bien en a-t-elle fait cadeau à sa fille qui à son tour… ou un vol ? Arsène Lupin qui l’a mise au clou ? C’est la raison pour laquelle je n’aime pas acheter dans les ventes aux enchères. Il y a trop de pensées qui se mettent en place, trop de drames et de malheurs qui apparaissent derrière un objet dont la vraie valeur serait dans la signification qu’il a eu un jour, la marque d’amour d’un cadeau peut-être… Mais je sais que j’ai tort : il est légitime que l’objet de mon rêve ait une deuxième ou troisième vie. Qu’il ne disparaisse pas dans les ordures comme probablement le gant qui a sans doute fait rêver Meilhac et Halévy et Offenbach. « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » demandait Lamartine. En tout cas, ils ont un pouvoir d’évocation. Je me disais cela lorsque, ouvrant un tiroir, je suis tombé sur une armée de clefs. Allons bon, voilà autre chose ! Les clefs… Jamais je n'ai pu jeter une clef. Donc, j’ai amassé les clefs. Notamment de mes divers logements au cours des âges, bien sûr. Je les ai rendues aux propriétaires le moment venu, mais il est toujours resté un trousseau des armoires, des valises… et des maisons des ancêtres ! Clefs anciennes pour la plupart, clefs forgées souvent. Grosses clefs de portail, petites clefs de coffrets, clefs compliquées de coffre-fort, clefs de montres, d’horloges, clefs de verrou… Mais de quelle porte, de quel coffret, de quel garage, de quel portail ? Et même de quelle voiture ? Clefs féminines de boudoir, clefs masculines de fumoir… Clef qui protégea un amour, clef qui enferma une colère… Comment savoir, comment se rappeler ce qu’on n’a jamais su selon toute probabilité ? On dit qu’à Fez les « Andalous », arabes chassés d’Espagne en 1609, gardent encore précieusement la clef de leur palais de Grenade. On dit que les juifs de Salonique, expulsés eux-aussi, mais les premiers, en 1492 gardent jalousement la clef de leur demeure de Séville… Les clefs du pape, qui nouent et dénouent, d’or et d’argent, frappées d’une croix… Clefs pour lesquelles Arsène Lupin gardait dans sa poche une boulette de cire, pour les copier… L’être qui regarde autour de lui voyage dans sa tête ! Les objets l’entraînent loin dans une autre réalité qui ne repose évidemment que sur son imagination, son humeur, sa fantaisie et bien entendu sur son expérience personnelle. J’ai pensé qu’aux objets porteurs d’émotion il fallait ajouter les portraits. Tableaux peints sur commande ou sur le désir du peintre, ils sont là pour rappeler, d’une manière ou d’une autre, un moment d’émotion, comme d’ailleurs les photos. Ah, ces photos anciennes, aux formats différents de ceux d’aujourd’hui, jaunies ou un peu effacées, de personnages que plus personne ne peut reconnaître mais qui survivent quand même… Suis-je trop sentimental ?
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AVIS!
Voici des petites histoires, des contes et une histoire plus longue qui est pour moi un succès en ce sens que je n’arrivais pas à écrire autre chose que des courtes histoires. ArchivesCatégories
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