Les supermarchés ne sont pas ce qu’on croit. D’ailleurs, leur vrai nom, c’est « Le lieu de tous les possibles ». Ça étonne à première vue, mais quand on y pense...
D’abord, c’est le seul endroit (que je connaisse) où le personnel circule en patins à roulette, comme on disait au temps de mon enfance, des rollers aujourd’hui, je crois. Ensuite, c’est un des seuls endroits où les allées soient aussi larges, les parois (les rayons, comme si c’était une ruche) aussi hautes. On pourrait s’y cacher. Je suis sûr que des gens le font pour manger tranquillement et partir l’air de rien, le nez en l’air. C’est tentant, surtout pour ceux qui n’ont rien. D’ailleurs, c’est prévu : ça s’appelle la démarque inconnue et c’est compris dans les prix. Alors ! De là à penser que des courageux s’installent pour passer l’hiver dans des igloos en boîtes de petits pois... Peut- être dans les réserves ? Il doit y avoir un autre monde caché dans les réserves... Mais si ces endroits s’appellent le lieu de tous les possibles, c’est parce que c’est là que tout le monde peut se rencontrer. Le hasard a bon dos ! Kipling disait qu’il y a deux endroits au monde où tout le monde passe un jour. Si on cherche quelqu’un, il suffit de s’y installer et d’attendre. L’un de ces endroits, c’est les docks de Londres. L’autre... Il ne connaissait pas les supermarchés ! Moi, je connais une caissière qui attend son mari. Il est parti il y a douze ans avec l’argenterie. Elle s’est faite caissière et elle attend. Elle sait qu’un jour il passera avec son nouveau harem, l’argenterie autour du cou. Son rouleau à pâtisserie est prêt, celui à 42 francs rayon bazar, chargé, le chien relevé, sécurité enlevée. Le pauvre... Il passera. Et il y passera ! En attendant, elle en a vu se retrouver ! Des qui se cherchaient, des qui ne se cherchaient pas, des qui se fuyaient... Et même son nouveau mari qui lui a fait oublier l’ancien et quitter son boulot de caissière... Le chef de la sécurité qui l’a séduite quand il lui a montré le maniement du rouleau à pâtisserie !
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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