Assez loin, dans la plaine, du côté d’Ostende, ville fantasque, il y a un bar qui s’appelle « le Panda ».
Je n’avais jamais su pourquoi. Ce soir-là, le patron avait bu un peu et il avait besoin de raconter. Moi, j’avais bu un peu et j’avais besoin d’écouter, ce qui tombait bien.
« Autour de nous, le monde s’arrête de respirer, les oiseaux de voler, les herbes de frémir. « Et cela dure et cela dure sans que ni l’un ni l’autre ne cède. Au bout de quatorze heures de ce combat qui aurait fait reculer Hercule, je m’aperçois qu’il s’est endormi. Sans faire un bruit, je m’écarte. Son sens de l’équilibre est tel qu’il ne bouge pas d’un pouce, mais ronfle un peu. La lutte l’a épuisé. Honnêtement, moi aussi. Heureusement, mon cheval, par pure curiosité s’est rapproché. N’étant pas visé personnellement, il a voulu voir le spectacle. J’en profite, je saute en selle, j’arrive à Ostende et je monte mon bar, “Le Panda”, qui marche bien je vous remercie. « Mais le drame est que toutes les nuits, dès que je m’endors, ce fichu Panda arrive, me traite de couard, de lâcheur, de mauvais joueur et le combat commence : épaule contre épaule, etc. Enfin tout le truc. Il ne s’arrête qu’avec le jour, sans vainqueur ni vaincu et le satané Panda me dit amicalement : “à la nuit prochaine” et s’évanouit dans mon réveil. « Ce n’est plus une vie ! C’est vrai que j’ai eu tort de profiter de son sommeil, mais quand même ! Est-ce une raison pour transformer le mien en ring de boxe ? » J’avais bu, un peu mais pas trop. J’étais courageux, mais pas téméraire. Mais surtout intéressé par le panda rêveur. Je fis donc une proposition au patron :
Évidemment, il n’hésita pas : qu’est-ce qu’il avait à perdre ? Que le panda décide de lutter avec moi plutôt qu’avec lui ? Donc, au petit jour, quand les patrons de bar s’endorment, il se mit à rêver et moi, subrepticement, j’entrais dans son rêve. Un beau rêve, d’ailleurs, tout comme il l’avait décrit : la steppe amazonienne, avec ses hautes herbes, mais pas de cheval. Et le terrible Panda, dressé sur ses bonnes grosses pattes de derrière, les pieds bien à plat, en plantigrade qu’il est, l’ours ! Il me vit et dit :
Car il est vrai que les pandas parlent dans les rêves... Et je m’expliquais :
Et le Panda dit :
Le patron stupéfait se réveille, et moi, comme un grand idiot que je suis, je reste coincé dans le rêve, où je suis toujours ! Au secours ! Qui me réveillera ???
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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