Il était une fois un petit garçon qui était très copain avec un serpent.
Le serpent était un petit serpent, pas tout petit, mais un peu petit quand même, et il s’appelait Popol. Le petit garçon allait en classe et Popol était tout triste de ne pas pouvoir y aller. Mais un serpent à l’école, ça aurait fait des tas d’histoires, bien sûr. Un jour, Popol a eu une idée. Il a dit au petit garçon : - Je sais comment aller à l’école avec toi ! Enlève ta ceinture ! Et le petit garçon a enlevé sa ceinture et Popol a grimpé le long de sa jambe, est passé dans les passants (les trucs dans lesquels passe la ceinture) et est devenu ceinture. Faut dire que Popol était un serpent très beau, vert avec des taches marron, comme des vagues, le long de son corps. Et on penserait que tout le monde se serait aperçu de la drôle de ceinture du petit garçon, mais Popol mettait bien sa queue dans sa bouche et tout le monde pensait que c’était une très belle boucle de ceinture en forme de tête de serpent. Bien sûr, Popol était obligé de rester tranquille pendant la classe. Mais dès le début de la récréation, Popol sortait sa queue de sa bouche, descendait le long de la jambe du petit garçon et filait dans la jungle s’amuser un peu. Et il filait si vite, que les autres enfants dans la cour de récréation et les maîtresses ne voyaient qu’un éclair vert avec des taches marron comme des vagues et pensaient avoir rêvé. Woush- hhhhh et il était dans la jungle ! À la fin de la récréation, soit la sonnette soit tap tap dans les mains, Woushhhhhhh et le petit garçon avait de nouveau une ceinture. Et pendant la récréation, comment tenait son pantalon ? Tout seul ! Si les pantalons sont bien faits, ils n’ont pas besoin de ceinture pour tenir ! Elle sert juste à faire joli et pour mettre les pouces dedans, comme les cow-boys. Et puis, en fin de journée, quand la maman disait au petit garçon de mettre une écharpe, Woushhhhhhhhh ! Il avait une écharpe verte avec des taches marron, comme des vagues et qui fermait avec une boucle comme une tête de serpent ou comme une ceinture… Et si la maman disait : - Je ne te connaissais pas cette écharpe ; d’où est-ce qu’elle sort ? Il répondait : - C’est papa qui me l’a donnée ! Et si le papa disait : - Je ne te connaissais pas cette écharpe, d’où est-ce qu’elle sort ? Il répondait : - C’est maman qui me l’a donnée ! Et quand il était avec le papa et la maman, ils avaient autre chose à faire qu’à parler écharpe ou ceinture ! Mais la nuit ? Popol filait Woushhhhhh et allait retrouver sa maman dans la jungle, et il lui racontait sa journée ! Et la maman lui disait : - Qu’est-ce que tu as appris aujourd’hui ? Et il disait, par exemple : - Aujourd’hui, j’ai appris à lire ! Et elle lui demandait : - Qu’est-ce que tu as appris à lire aujourd’hui ? - Aujourd’hui, j’ai appris trois lettres. J’ai appris A, D et Q. Et la maman demandait - Qu’est-ce qu’on peut lire avec ces trois lettres ? - Et bien, par exemple, A c’est la première lettre d’Albert et d’Antoine, et d’Arthur et d’Ami et d’Auto et d’Allumette et de bien autre chose encore. Et la maman disait : - Et D ? - Voilà : c’est la première lettre de Denise et de David et de Doudou et de Dame et de Dent et de bien autre chose encore. Et la maman disait : - Et Q ? - Et bien, c’est la première lettre de Qui et de Que et de Quand et de Quinze et de bien autre chose encore. Mais il ne faut pas le confondre avec C quand il se prononce pareil, quand il est suivi d’une consonne, comme Crabe ou d’une voyelle A O U comme cul et ça a fait rire toute la classe ! Ils sont bizarres ! Et la maman a un peu pensé et lui a dit : - Il y a combien de lettres ? Il a dit : - 26 (parce que la maîtresse venait juste de le dire). Et la maman a dit : - Avec ces 26 lettres, qu’est-ce que tu peux lire ? Et il a dit : - Tout ! Avec ces 26 lettres, je peux tout lire. Il n’y a rien que je ne puisse lire. C’est de la magie ! Et Popol, avec son corps de serpent, s’est tortillé par terre pour montrer à sa maman la forme des lettres qu’il connaissait. C’est parfois commode d’être un serpent. Et ils étaient très contents tous les deux ! Et puis un jour, le petit garçon et Popol avaient grandi tous les deux et ils ont cessé de jouer à la ceinture ou à l’écharpe. Et chacun est allé de son côté, mais quand ils se rencontraient dans la jungle, ils étaient très heureux et ils se racontaient des histoires du temps où ils étaient petits… Et puis, le petit garçon, devenu grand, a tout raconté à son papa et à sa maman. Ils ont ri et ils ont dit : - Tu crois vraiment que nous n’avions rien vu ? Mais vous aviez l’air si heureux, toi et ton copain que nous n’avons rien dit. Avoir de bons copains, c’est le plus important dans la vie ! Et le nom du petit garçon ? Je sais pas. Il ne me l’a jamais dit et moi, je regardais Popol, alors je ne lui ai pas demandé.
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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