Le sommeil est une chose sérieuse, grave et importante avec laquelle il ne faut pas plaisanter. Demandez à n’importe quel insomniaque ! Tenez, moi qui vous parle, en bon gros ours que je suis, si je n’ai pas mes trois mois de sommeil je ne suis pas bien, mais pas bien du tout ! Rencontrez-moi au milieu de ma nuit polaire si je me suis levé pour satisfaire un besoin naturel et vous verrez ! Mais le temps de sommeil dont on a besoin, cela varie bien en fonction de chacun ! Il n’y a rien de plus bête que la revendication syndicale des huit heures de sommeil ! Moi, je vous dis, ce n’est pas huit heures, c’est trois mois ! Vous direz : « D’accord mon ami, mais vous hibernez, ce n’est pas pareil, moi je dors ». C’est vrai. Mais cela n’empêche qu’à l’intérieur d’une fourchette commune aux humains, il y a de grandes variations individuelles. Vous savez bien que l’individuel échappe aux statistiques ! Je crois que c’est le Canard Enchaîné qui disait jadis que le général est l’ennemi du particulier… C’est comme la qualité de sommeil : il y a des gens qui ont le sommeil lourd, d’autres qui l’ont léger… Question de nature. Par exemple, prenez la gazelle : sommeil léger, léger que c’est rien de le dire. Un rien, un souffle, une feuille qui tombe, un soupir de fourmi la réveille. Ça vous étonne ? Le lion, par contre, sommeil de plomb. Bizarre, mais avez-vous déjà essayé de réveiller un lion endormi ? Je crains que vous ne le fassiez pas deux fois ! Mais évidemment, les êtres humains sont pervertis : ni lion ni gazelle mais avec de mauvaises habitudes. Et vous connaissez le proverbe : Le sommeil c’est la santé. Bien dormir c’est la conserver ! Alors, bien dormir, ça veut dire quoi ? D’abord ne pas s’en faire. Vous dormez ce que vous dormez. Une nuit d’insomnie ne devrait troubler personne. Profitez- en pour faire votre courrier en retard. Evitez les mauvais hypnotiques comme l’alcool : et oui, c’est un mauvais hypnotique ! Menez une vie régulière, faites du sport (le matin, pas le soir) etc., etc. Toutes choses que vous avez entendues mille fois. Et évitez les soucis, ce qui est commode ! Vous savez, vous perdez votre boulot, vous êtes l’heureux bénéficiaire d’un contrôle fiscal, votre femme se tire avec votre meilleure amie et votre gosse redouble, enfin la totale. Et les copains vous disent, surtout ne te fais pas de soucis, essaye de dormir et tout et tout. Et on s’aperçoit avec intérêt qu’insomnie marche souvent avec déprime. Mais lequel a commencé ? Ça c’est l’œuf et la poule… Et puis, il n’y a pas que l’insomnie ! Il y a bien d’autres problèmes du sommeil : les hypersomnies, les gens qui dorment trop, ça existe et ça peut-être très embêtant, les narcoleptiques, ces gens qui tombent endormis de façon incontrôlable et irrésistible parfois sous le coup d’une émotion, parfois non. Il n’y a pas longtemps que l’on sait que c’est une vraie maladie qui peut et qui doit se soigner. Et puis il y a le travail mental nocturne qui peut venir semer la perturbation : il y a les rêves, les doux rêves ou les affreux cauchemars : savez-vous qu’à l’origine, c’est un vilain démon qui prend votre poitrine pour un fauteuil pendant que vous dormez et ainsi vous étouffe ? Et puis il y a les autres horreurs, les terreurs nocturnes, les promenades pendant le sommeil ou noctambulisme, etc. Heureusement, il y a deux choses qui sauvent. La première est la moins importante : quand on rêve, on bande. Même les dames. Et après ? Ça me rappelle une courte nouvelle de Fredric Brown où le héros qui avait des problèmes au lieu de prendre du Viagra qui d’ailleurs n’existait pas, invoque le démon qui, en échange de son âme ou une babiole de ce genre, lui donne un slip magique. Tant qu’il le portera, il bandera comme un cerf. Oui mais, s’il l’enlève… L’autre chose, c’est que les rêves vivent, dans les tableaux des peintres, les statues des sculpteurs et les vers des poètes, dans nos pensées ! Et le reste, quelle importance ?
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Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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