Voilà. L’affaire a commencé ou le grand tournant est arrivé, ou tout ce que vous voulez, mais l’idée quand même, c’est celle du début du grand machin, donc, quand j’ai rencontré dans une boîte de nuit où le hasard nous avait entraînés tous les deux, donc où j’ai rencontré le chauffeur du Grand Chambellan.
Nous nous emmerdions de concert, avec constance. La musique était pénible, je ne peux dire autrement. Les filles s’ennuyaient autant que nous, mais professionnellement et ça se voyait. Le whisky... n’insistons pas. La boîte était minable mais standard et le hasard qui a bon dos... Et puis tout a basculé. Voilà le mot que je cherchais. Tout a basculé. Mais je ne l’ai su que plus tard. Le patron nous a offert un verre. Chacun à sa table. Mais nous avons tous trinqué et puis nous étions deux Français. Ça crée des liens. Tout de suite, j’ai senti le goût et j’ai posé mon verre. Faut dire que je bois très peu et puis c’est un somnifère que j’ai utilisé autrefois, alors je l’ai reconnu. Lui, non. Il a bu sans arrière pensée et s’est trouvé très content. Un peu euphorique. Sans plus. Mais quand le patron lui a proposé de payer une tournée générale, il n’a pas dit non. Faut dire que tout l’art est là : lorsque la pomme est à point, il faut lui faire dépenser un peu plus qu’elle ne l’aurait fait naturellement, mais pas beaucoup plus, pour que, quand elle se réveille, un mois après, en recevant son débit de Visa, ou Amex ou n’importe quoi, elle se dise, eh ben Merde ! Je n’y suis pas allée avec le dos de la cuiller ! Mais pas au point de courir chez les flics en criant au charron : une fois on pourrait la faire passer, deux fois on pourrait négocier, mais trois ou quatre, même le flic le mieux arrosé du jardin ne pourrait pas étouffer ! Donc, il a payé sa tournée, j’ai rebu un coup – mais de mon premier verre, celui que je chérissais comme un bébé dans ma main moite –, je l’ai pris par le col et je l’ai emmené à l’hôtel où je l’ai laissé ronronner comme un petit enfant qui a mangé une petite souris et je l’ai oublié. Mais le hasard, toujours, a fait que le lendemain, on s’est retrouvé dans un bar à tapas. Il ne m’a pas reconnu, mais je lui ai dit :
Je lui ai dit :
Le Grand Chambellan n’a pas dit non. Quand on a un chauffeur qui vous emmène chasser le dahu à Rambouillet et la gueuse là où ce que ça se chasse, on a intérêt à bien réfléchir avant de lui dire non. Et j’ai eu le grand honneur de présenter quelques tableaux au grand Chambellan qui n’a pas dit non et m’a organisé une audience avec le Grand Barbu lui- même (c’est un de ses nombreux titres, un peu familier, mais il aime) et il m’a acheté mon grand Thon sur le Pont. (Il a bien aimé Paon sur le Pôle, mais ça lui a semblé trop orienté.) Il m’a commandé le portrait en cul de la dahue du moment. À quoi tient le succès, quand même !
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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