Siméon était debout au bord de la Lauter regardant le soleil se lever de l’autre côté. Les rayons naissants jouaient sur un nuage de poussière dorée, comme un arc en ciel irisé et mouvant.
Le nuage était tout petit, de la taille de l’ongle du pouce d’une nymphe et pourtant Siméon ne voyait que lui... Une voix en sortait qui était dans sa tête... Siméon, disait-elle, il faut que tu nous emmènes ! Notre temps est révolu, la guerre qui dure depuis 30 ans se termine, c’est le moment. Nous devons rejoindre le royaume du Prêtre Jean et nous ne pouvons le faire seules. Emmène-nous ! Et comme d’autres avant lui, il dit ou crut dire dans sa tête, « mais comment ferais-je et pourquoi moi et où est-ce et tout ça ? » Mais il savait déjà qu’il ne pouvait dire non... Qui a jamais pu dire non à l’aventure, dans la famille de Siméon ? Et quelle aventure ! Et d’ailleurs son baluchon était déjà prêt et d’ailleurs il ne faisait pas bon rester là pour un gars comme lui... Et d’ailleurs, il avait déjà dit au revoir à Rose qui avait promis... Mais quand même, il dit : - Mais pourquoi devez-vous partir ? Et le nuage dit : - Parce que c’est ainsi, le moment est venu, nous devons rentrer, nous ne servons plus à rien ici. Et qui nous voit encore, et qui nous entend ? Il haussa les épaules, serra sa ceinture et se mit en route. Le nuage prit la forme d’une canne à bout ferré, pommeau d’argent et se mit dans sa main. Leurs aventures feraient un bien grand livre, mais la canne venait à bout des obstacles quand il le fallait, et la route était légère, et le vent joyeux. En route, ils retrouvèrent bien des pèlerins comme eux, canne à la main, pommeau d’argent et bout ferré qui cheminaient gaîment vers le royaume du Prêtre Jean. Arrivées là où il le fallait, les cannes devinrent nuage doré et les gars reprirent le chemin du retour chacun vers sa Rose, la joie dans le cœur et la mélancolie aussi. Notre gars de la Lauter ne savait pas ce que les beaux nuages avaient dit aux autres, mais le sien, tournoyant dans le soleil, avait dit, dans sa tête : « Tu aidas les Elfes, et tel sera ton nom et celui de tes descendants, sur les bords de la Lauter, partout où vous irez, aussi longtemps qu’il y aura des hommes. » Et depuis ce jour, il y eut à Lauterbourg et partout où ils allèrent ensuite, de joyeux gars dont le nom de Halff rappelait que leur ancêtre un jour aida les elfes... Pour les non-germanistes : half est le prétérit de helfen, aider...
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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