Pourquoi l’art ? Parce que ! La nature humaine est ainsi faite qu’elle a besoin d’un pont entre sa fragilité évanescente et l’éternel intemporel. Ce pont ne saurait être dans l’utilitaire puisque l’utilitaire est utile. L’éternel peut-il se trouver dans l’utile ?
Le drame c’est qu’il faut vendre, parce qu’il faut en vivre. Et pourquoi acheter un morceau de ce qui est le Soi de la nature humaine ? Et peut-on vivre avec ce morceau de Soi de quelqu’un d’autre que moi ? Est-ce que je vais reconnaître justement cet aspect subjectif de l’objectif ? Pas d’illusion : cette notion est récente. Les mots eux-mêmes qui en parlent si bien sont récents ou ont eu d’autres significations. Beauté : l’étymologie est bien compliquée. De Bellus, en latin qui est gentil, charmant, appliqué le plus souvent aux enfants. Mais il y a aussi Bellus qui est bien proche et qui désigne la nature des bêtes sauvages. Et Bellum qui est la guerre. Coïncidences ? Certes. Mais c’est bien compliqué. Art : a toujours désigné les techniques, a donné artisan, Arts et Métiers. Ce n’est que très récemment qu’artiste est arrivé. Esthétisme : le mot est tout jeune, encore un enfant ! En d’autres termes, pendant des millénaires, il semble bien que le beau ait été la parfaite adéquation de l’objet à sa fonction. Celle-ci a pu être simple ou compliquée, évidente ou cachée. Les fresques et sculptures qui décorent des temples ou des grottes inaccessibles sont légions. Les poteries de tous les jours, merveilleusement dépouillées aussi… Et la beauté d’une femme, me direz-vous ? Et bien elle est l’expression de son âme parfaite ! Mais aussi cette part de divin qui réside dans l’art et que l’on peut aussi appeler particule d’infini par exemple ! De nos jours, l’art est devenu l’art pour l’art. Le reste est du design ! Et pourtant, il y a forcément un rapport entre les deux : le collectionneur, le client, doit vivre avec l’œuvre, à moins que l’ignoble individu ne soit un spéculateur qui va la stocker dans un coffre-fort attendant la mort de l’artiste pour la montée des cours ! Il faut que sur ses murs, dans ses pièces, l’œuvre s’harmonise avec la nature de celui qui a procédé à la décoration du lieu de vie. Mais si cette œuvre peut lui survivre, être vendue, aller ailleurs, il faut que là aussi elle soit l’expression de quelque chose qui dépasse l’individualité de celui qui l’a produite comme celle de celui qui l’a acquise. Tout le problème est là : pour que ce quelque chose ait un « marché », il faut qu’il soit reconnu en tant que tel par un grand nombre de gens fortunés. À quoi sert qu’il représente la nature intérieure de son auteur si celui-ci est seul de son espèce et l’aspect transcendant de cette nature n’est pas reconnaissable ? Ensuite, il faudra la chance et le doigt du destin. L’occasion, l’acheteur, la publicité, la reconnaissance… Et pourquoi tout ça ? Simplement parce qu’on ne peut pas faire autrement ! Moralité : la technique encore et toujours la technique. De cela il restera toujours quelque chose : le travail !
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Préface
Gentil lecteur, mon ami, mon frère, gentille lectrice, mon amie, ma sœur, ce livre, m’ont dit les éditeurs, n’est pas publiable. ArchivesTitres
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